Dès ce début août, alors que tout le pays partait en vacances, nous, apiculteurs Creusois, nous dirigions vers nos ruchers pour effectuer notre récolte 2023
Malgré tous les aléas climatiques subis depuis mai, cette récolte, sans être excellente, a été au-delà de nos espérances. Nous avons récolté en moyenne dans notre département 17 kg par ruche. De plus les provisions restant dans les corps de ruche sont satisfaisantes.
Il faut toutefois se rendre à l’évidence, nos récoltes sont au fil des ans, de plus en plus faibles. Les passionnés de ma génération se souviennent encore des années 1964 à 1977 ou au sud de notre département nous pratiquions sur ruches Dadant 10c, encore 2 récoltes : une de printemps de 25 kg, et une sur bruyère callune de 15 à 20 kg par ruche. Depuis, le changement climatique et l’agriculture intensive nous ont conduits à la situation actuelle.
L’heure est maintenant à la mise en pots et à la commercialisation de nos miels. Je rappelle à cet effet qu’une grande variété de pots verre et plastique est disponible à notre dépôt de matériel de Lavaveix-les-Mines.
La commercialisation devrait être, en théorie, facilitée par la situation actuelle du marché, car il nous faut savoir :
- qu’au niveau national la production 2023 sera certainement inférieure à celle de 2022 qui a pu être estimée entre 12 et 14000 tonnes. Face à une consommation de plus de 50 000 tonnes par an, nous devons donc faire appel à une importation avoisinant les 40 000 tonnes annuelles.
- que concernant ces miels d’importation, suivant une révélation récente de la Commission Européenne publiée le 23 mars 2023, 46% des miels importés en Europe sont fortement suspectés d’adultération, notamment par des sirops industriels de sucre à base de betterave de riz et de blé. Les miels de Chine et de Turquie sont particulièrement visés.
Il est important de noter que l’adultération ne se fait pas de manière artisanale chez l’apiculteur, mais selon des procédés sophistiqués, et en usine.
Face à cette pénurie, et à ces fraudes sur le produit, ainsi que grâce à l’information diffusée par nos syndicats et associations, le consommateur est devenu très frileux, très exigeant sur la qualité de ses achats de miel. Il privilégie de plus en plus l’achat en vente directe auprés de l’apiculteur, ou en circuit court. C’est pour lui un gage de qualité et de sécurité.
J’ai pu noter qu’un des principaux conditionneurs est préoccupé en ce début d’été par une baisse sur 1 an, d’environ 5% de la consommation de miel dans la grande distribution, et une baisse de 7% sur les 5 premiers mois 2023. Il en attribue la cause, je pense à tort, au détournement du consommateur au profit d’autres aliments moins onéreux. Ceci confirme l’envolée des ventes directes de nos miels que nous avons enregistrées au cours du 1er semestre 2023.
L’apiculture est une activité passionnante, mais de plus en plus couteuse qui nous demande beaucoup d’investissements et de travail. Notre miel creusois devient un produit rare et précieux Il doit être valorisé et cédé à son juste prix. En aucun cas il ne doit être bradé.
Nos miels de grande qualité sont aujourd’hui souvent invendables à certains conditionneurs au vu des prix d’achat proposés, inférieurs aux couts de production, c’est pourquoi je vous conseille fortement de pratiquer la vente en direct ou en circuit court (un seul intermédiaire)
Si vous rencontriez quelques difficultés dans la vente de votre récolte, prenez contact avec le bureau de L’Abeille Creusoise qui reste à votre écoute. (voir coordonnées sur site)
Bonne fin de saison apicole
André Couty